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— Par déférence pour le nombre vingt, je ne tuerai pas, dit le Seigneur.

L’Écriture appelle Abraham le « bien-aimé » de Dieu… Il lui reste encore une prière sur le cœur. Il faut qu’il la dise, et c’est d’autant plus difficile qu’elle est absolument semblable aux autres. Mais, après tout, c’est de lui que doit sortir un jour Celle dont les entrailles et les mamelles seront appelées bienheureuses. À ce titre, il peut tout oser.

— Je vous supplie, dit-il, de ne pas vous mettre en colère si je parle encore une fois, une seule fois. Que déciderez-vous, si vous trouvez dix justes en ce lieu ?… Ne doit-il pas venir un jour où dix hommes, en effet, dix hommes « de toutes les langues des nations », accourus pour chercher la Face de Dieu, se pendront à la frange de l’Homme Juif et lui diront : « Nous voulons aller avec toi, parce que Dieu est ton compagnon[1] »… Ces dix hommes ne sont-ils pas nécessaires à vos desseins, tout autant que les Dix Commandements de la Loi que vous écrirez de votre main sur le Sinaï formidable ?

  1. Zacharie, VIII, 23.