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ouvrage, ne serait-elle pas alors, et par conséquent, la canaillerie profonde et parfaite, la scélératesse en abîme que la précision liturgique a désignée sous le nom très-particulier de « perfidie juive » ?

Ne s’agissait-il pas, en effet, — pour ne pas sortir des comparaisons abjectes qui conviennent si parfaitement au Dieu de l’abjecte humanité, — de faire des frais au Consolateur pour le contraindre à satisfaire, avec une extrême usure, fût-ce dans vingt siècles, aux dépens du douloureux Christ qui continuerait à saigner et à mourir sur le bois d’opprobre, en attendant que les exacteurs cruels s’estimassent désintéressés ?

Car le Salut n’est pas une plaisanterie de sacristains polonais, et quand on dit qu’il a coûté le sang d’un Dieu incarné dans de la chair juive, cela veut dire qu’il a tout coûté depuis les temps et depuis les éternités.

Qu’on se souvienne de ce Père qui attend toujours, lui aussi, et qui attend bien mieux que personne, puisqu’il est seul à savoir la Fin.

L’histoire de l’Enfant prodigue est une parabole si lumineuse de son éternelle Anxiété