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lier de la choucroute adore en lui-même. Oh ! ce n’est pas facile à comprendre !

« Tu n’es que ce que tu penses : pense-toi donc éternel… Tu es ton futur créateur. Tu es un Dieu qui ne feint d’oublier sa toute-essence qu’afin d’en réaliser le rayonnement. Ce que tu nommes l’univers n’est que le résultat de cette feintise dont tu contiens le secret. Reconnais-toi ! Profère-toi dans l’Être ! Extrais-toi de la geôle du monde, enfant des prisonniers. Évade-toi du Devenir ! Ta « Vérité » sera ce que tu l’auras conçue : son essence n’est-elle pas infinie comme toi !…

« Tu te juges pauvre, toi qui, d’un regard, peux posséder le monde ! Tu veux aussi acheter comme les humains, et passer des contrats, agiter des papiers — pour être SÛR que tu possèdes une chose ! Ainsi tu ne te croirais le maître d’un palais par toi contemplé que si tu devenais, par un traité, le prisonnier de ses pierres, l’esclave de ses valets, l’envié de ses hôtes roulant vers toi des yeux vides ! Alors que tu devrais pouvoir y entrer et que, devant ta seule présence