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plus besoin qu’un autre de la femme, de cette Femme non pareille à qui nul ne résistera, fût-il Dieu le Père, dont le sourcil attise le cœur des Saints et de laquelle il fut écrit qu’« Elle rira au dernier jour ».

Il en avait un besoin si furieux qu’après l’avoir cherchée, vingt ans, parmi les fantômes de ses rêves, il essaya résolument de la créer, comme eut fait un Dieu, avec de la boue et de la salive.

L’Ève future est le résultat de cet effort de Titan et c’est presque une question de savoir si cette Ève, antérieurement à la catastrophe qui la détruisit, était capable de vivre. On pourrait interroger là-dessus M. Thomas Alva Edison que Villiers a magnifié et glorifié pour toute la durée des siècles.

En tout cas, elle vécut en lui, de quelle bouillonnante vie ! et c’est elle que je vois arrachant les planches de son cercueil !

Oui, depuis Isis jusqu’à Axël, il a eu ce rêve de la Femme infiniment belle, aussi forte que les colonnes des cieux, omnisciente