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Ce serait pourtant beau et fier, et si noble, et combien juste ! qu’il y eût ici ou là, à Montmartre ou au Luxembourg, — en ce Paris horriblement souillé et défiguré de bêtise, mais qui est tout de même encore le vieux Paris des élus, — une telle protestation de la Poésie contre la Mort !

Mais, une fois de plus, quelle peur et quelle fureur ! Jésus s’est nommé lui-même la Vie et c’est pour cela qu’il ressuscitera, un jour, tous les morts. Il n’y aura jamais eu d’épouvante comme celle-là. Pour un grand nombre ce sera, sur la dernière marche de l’escalier des temps, le premier grondement de l’Épouvante éternelle.

En attendant, l’affirmation telle quelle de la survie d’un poète serait quelque chose de foudroyant. Personne ne ressusciterait, c’est infiniment probable, mais il y a des chances pour que ceux qui auraient pu faire semblant de vivre longtemps encore fussent horrifiés à en crever. Dans le cas de Villiers de l’Isle-Adam, surtout, l’expérience vaut d’être tentée,