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reux être chargé de tout assumer n’est pas seulement le support unique des splendeurs ou des misères, des joies divines ou des deuils profonds, des abaissements ou des triomphes accumulés par tant d’ancêtres. Il faut encore qu’il porte le Rêve de tout cela, qu’il le porte dans le long, l’interminable désert, « de l’utérus au sépulcre », sans qu’une âme puisse le secourir ou le consoler.

Il lui faut subir le miraculeux et redoutable héritage d’une poitrine houleuse de tous les soupirs des générations dont le nom même agonise.

La destinée de l’auteur d’Axel fut si extraordinaire que sa vie parut comme un raccourci de l’histoire même de la Race altière dont il était la suprême incarnation. Une espèce d’analogie me fera peut-être comprendre.

Vous rappelez-vous ces chronologiques épitomés qu’infligèrent à notre enfance des pédagogues inassouvis de malédictions ?