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ment connue. On en fait une légende merveilleuse, quoique les circonstances bizarres, dont l’imagination de quelques-uns l’a surchargée malicieusement, aient été beaucoup plus rares, en réalité, qu’on ne le suppose.

Le trouble célèbre de son esprit n’était, au fond, que le trouble de sa pauvre âme et c’était, comme cela, bien assez tragique.

J’ai dit que sa vie se trouva configurée à l’Histoire même de sa Race et que tel fut le principe de douleurs sans nom. Mais comment faire entendre un pareil langage ?

Cette histoire qui est juste au centre de l’Histoire universelle et qu’on apprend si mal dans les écoles, était, en lui, tout à fait vivante et contemporaine. Elle le brûlait, le dévorait comme une flamme furieuse dont il eût été l’aliment dernier.

Dans la flagrance des tortures, ses moindres gestes récupéraient aussitôt les gestes anciens de la Lignée quasi royale tout entière qui mourait debout dans les ventricules de son cœur.

Très peu le comprirent, et ceux-là, que pouvaient-ils pour un si grandiose malheureux ? Dieu lui-même, le Dieu Moloch ne voulant plus d’aristocratie, l’holocauste s’imposait.

Le génie littéraire lui avait été donné par surcroît, mais ce fut la broutille de son supplice.

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