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driez infailliblement pour une espèce de fou sacrilège si je vous disais qu’Il est infiniment bon, infiniment parfait, le souverain Seigneur de toutes choses et que rien ne se fait en ce monde sans Son ordre ou Sa permission ; qu’en conséquence nous sommes créés uniquement pour Le connaître, L’adorer et Le servir, et gagner, par ce moyen, la Vie éternelle.

Vous me vomiriez si je vous parlais du mystère de Son Incarnation. N’importe ! apprenez que je ne passe pas un jour sans demander que Son Règne arrive et que Son nom soit sanctifié.

Je demande aussi à l’Argent, mon Rédempteur, qu’Il me délivre de tout mal, de tout péché, des pièges du diable, de l’esprit de fornication, et je L’implore par Ses langueurs aussi bien que par Ses Joies et par Sa Gloire.

Vous comprendrez un jour, mon garçon, combien ce Dieu S’est avili pour nous autres. Rappelez-vous mon maniaque ! Et voyez à quels emplois la malice des hommes Le condamne !

… Moi, je n’ose plus y toucher depuis trente ans !… Oui, jeune homme, depuis trente ans, je n’ai pas osé porter mes pattes malpropres sur une pièce de cinquante centimes ! Quand mes locataires me paient, je reçois leur monnaie dans une cassette précieuse, en bois d’olivier, qui a touché le Tombeau du Christ, et je ne la garde pas un seul jour.