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le témoin malheureusement impuissant, — je n’étais pas riche, alors, — des avanies sans nom qu’une vieille propriétaire lui fit endurer.

Il devait plusieurs termes et ne parvenait pas, quoi qu’il fît, à la satisfaire. Cette ordure de femme voulait à toute force qu’il lui donnât de l’argent.

Elle le gardait néanmoins, mais comme on garde les huîtres perlières dans les pêcheries de l’Océan Indien, surveillées continuellement par des squales attentifs, — ayant mis l’embargo le plus rigoureux sur les pauvres meubles aux trois quarts détruits qui lui venaient de sa mère et guettant toujours l’occasion de le dépouiller des misérables aubaines qui pouvaient échoir.

L’infortuné locataire était condamné à ne sortir de sa chambre que sous le feu des réclamations de la pygargue féroce qui l’injuriait plusieurs fois par jour, en présence de tous les voisins, et souvent même l’apostrophait insolemment au milieu des rues.

Messieurs, cette situation a duré dix ans, Marchenoir n’arrivant jamais à pouvoir donner mieux que des acomptes et ne pouvant se résoudre à prendre la fuite. Pour la somme de trois ou quatre cents francs, cette gueuse l’a torturé quarante saisons.

Ne vous impatientez pas, s’il vous plaît, j’arrive à mon anecdote. Mais ce que vous venez d’entendre était nécessaire pour vous amener à sentir l’importance unique de la trouvaille qu’il fit, « ce beau ma-