Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/346

Cette page a été validée par deux contributeurs.

longévité ne parviendrait pas à démentir, parce qu’ils sont les yeux de son âme, les vrais yeux de sa profonde âme éternellement affamée de pressentiments divins.

Évidemment, lorsqu’il exécuta cette exorbitante effigie, son instinct de séquestré au milieu des gouffres l’avertissait déjà de son exécrable destin.

Sans aucun doute, il subodorait les charognes qui devaient encombrer sa voie et dont l’haleine faillit asphyxier les trois cents lions qu’il portait en lui.

Comment n’aurait-il pas eu la vision de cet avenir infernal qu’on est bien forcé de supposer assorti à ses facultés de gladiateur ? car je ne sais aucun homme que sa nature ait autant désigné que lui aux couleuvres noires et aux vexations carabinées.

Les infortunés moins élus le devraient bénir, puisqu’il fut et qu’il est encore le paratonnerre isolé qui soutire tous les tonnerres. Le miracle est offert par lui, depuis vingt ans, d’un blasphémateur de la Racaille, absolument invincible et toujours sur ses étriers, malgré le tourbillon des crapules et le cyclone des pusillanimes.

Ah ! il peut se vanter d’avoir été lâché, celui-là, et d’en avoir vu décamper, de fiers gentilshommes qui se disaient ses compagnons. Les amitiés ou les simples admirations qu’il rencontra me font l’effet de ressembler à ces divines allumettes qui ne s’en-