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s’encanaillait qu’avec les constellations. On le devinait impatient de toute autre promiscuité, et personne, je crois, n’eût entrepris le recrutement de ce primitif.

Chacun de vous le connaît trop pour que je m’extermine à vous le dépeindre. Mais je ne sais si vous l’imaginez, à dix-huit ans, tel que le représente un féroce portrait, peint par lui-même à l’huile de requin, et qu’il exhibe seulement à ses plus intimes.

Il apparaît là, se rongeant un poing dans un mastic de bitume, de terre d’ombre et de carbonate de plomb, fixant le spectateur de deux yeux terribles, sanguinolents à force d’intensité. Quand on n’a pas vu cela, on n’a rien vu…

C’est la première manière de notre héros, lequel voulut être peintre, longtemps avant de se sentir écrivain, et qui, ma foi ! eût été, dans ses tableaux, précisément ce qu’il est dans ses effroyables livres, le soyeux molosse et le cannibale céleste que nous admirons.

Les yeux de ce portrait, obsédants au point d’étonner un virtuose de mon acabit, ne furent jamais, il est vrai, ces yeux d’une invraisemblable douceur que le créateur des volcans et des luminaires alluma sous son front morose pour la confusion des imbéciles.

Ils ont suffi, néanmoins, pour déterminer une ressemblance extraordinaire que la plus audacieuse