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nerie de son père, de se pousser dans le joyeux monde, où l’eussent efficacement patronnée de si dignes maîtres !

Par malheur, il aurait fallu rompre audacieusement avec un vieillard plein de préjugés, que cette affluence d’apôtres inquiétait déjà et qui parlait de congédier l’Attique et le Péloponèse.

Avec angoisse elle voyait venir le moment où elle serait à peu près réduite, comme auparavant, à se cultiver elle-même…

Ah ! si Panard avait consenti seulement à lui laisser lire les brillantes productions des psychologues ou des mages ! Mais il n’y avait pas moyen d’y songer. Toutes les œuvres nouvelles que les auteurs ou les éditeurs envoyaient avec dédicaces au membre sévère de l’Institut étaient expédiées illico dans ce dérisoire cabinet où il était impossible de se recueillir un quart d’heure.

Et, il n’y avait pas à dire, c’était l’unique ressource. On ne pouvait s’instruire que là. Quant à emporter les brochures avec soi, il fallait en bannir l’espoir. La rage du vieux pion, qui fouillait partout, eût éclaté d’une manière terrible si quelqu’un s’était avisé de détourner un seul tome de cette bibliothèque privée dont il avait le catalogue dans son implacable mémoire. Il fallait absolument les utiliser sur place.

Or Justinien en faisait un scandaleux abus. Quand il avait compulsé des études de mœurs ou des recueils