Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/302

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quatre héritiers Panard : Athanase, Héliodore, Démétrius et Orthodoxie ; puis l’oncle Justinien, la tante Plectrude et la tante Roxelane. Enfin, la vieille bonne Palmyre. Cela faisait dix, bien comptés. C’était absurde.

Et remarquez que tout ce monde-là, sans excepter Palmyre elle-même, avait ou pouvait avoir des besoins intellectuels de la nature la plus impérieuse.

À quelque heure que ce fût, on était toujours sûr de trouver quelqu’un. Parfois on se bousculait à la porte.

Il y avait de quoi dégoûter de la famille.

Impossible de faire entendre raison à ce grigou de Panard, un ancien professeur de grec, membre de l’Institut, s’il vous plaît, qui ne se lavait jamais les mains, par mesure d’économie, et qui déclamait les imprécations d’Hécube, dans le texte même d’Euripide, quand on lui parlait de construire un second local.

L’argent ne lui manquait pourtant pas, depuis le fameux héritage qui avait fait de ce traducteur de Philostrate un propriétaire important.

Mais la littérature contemporaine dont s’alimentaient surtout les Panard sortis de son flanc, étant dénuée pour lui d’intérêt, il prétendait qu’on se contentât des lieux actuels et feignait de ne pas entendre les optatives insinuations de ses hoirs.