Page:Bloy - Histoires désobligeantes.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bable sur le cours des sphinx allait entraîner sa ruine, s’il ne prenait aussitôt les plus énergiques mesures.

Aristobule, je crois l’avoir assez dit, se défiait de tout ce qui est au-dessous du ciel. À cet égard, son intransigeance était absolue. Le soupçon était son principe de vie, les douze tables de sa loi, son credo suprême. Il en eût été le martyr.

Que dis-je ? Ne l’était-il pas depuis quarante ans ? Dans son commerce, l’un des plus considérables, à coup sûr, de notre civilisation et celui de tous, peut-être, où la bonne foi réciproque est le plus rigoureusement inviolée, la crainte perpétuelle des carottes ou des traquenards l’avait, à la lettre, angoissé, flagellé, tenaillé, tanné, trépané, boucané, tordu, écartelé et décarcassé tous les soirs et tous les matins.

Il s’était brouillé avec une multitude de correspondants affables dont la patience égalait celle du patriarche. Il avait raté de royales affaires qui l’eussent enrichi démesurément.

Dans sa maison, pleine de trouble et de bousculades, les commis se succédaient à la file indienne, sans qu’aucun d’eux pût découvrir la platitude géniale qui lui eût permis d’immobiliser vingt-quatre heures son appareil de locomotion. C’était un miracle, enfin, que la faillite l’eût épargné.

On peut alors présumer de quel front dut être accueilli l’ami téméraire qui s’était, contre toute vrai-