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courbatu que le puisse être un adolescent plein de soliloques et de prosodie.



Le lendemain, on le fit demander à l’antichambre de son ministère. Il se trouva en présence d’un très bel homme suffisamment athlétique, ayant l’air d’un officier de cavalerie de la politesse la plus exquise et qui lui parla en ces termes :

— Monsieur, une erreur de suscription a mis hier entre vos mains un billet de femme qui m’était destiné. Il est inutile, je pense, de vous rappeler le contenu de ce message. Je vous prie même de l’oublier soigneusement. En recevant, de mon côté, les quelques lignes qui eussent dû vous parvenir, j’ai deviné fort heureusement la substitution d’adresse, et j’ai pu arriver juste assez tôt pour en conjurer les suites funestes. On vous sait galant homme, et je compte que vous allez en échange de la lettre que voici, me restituer sur-le-champ l’autographe qui m’appartient. J’ajoute ― bien inutilement à coup sûr, monsieur le poète ― que la maîtresse de César ne doit pas être soupçonnée.

Cette dernière phrase trop claire était appuyée d’une façon tellement significative que le chétif, incapable d’expectorer une diphtongue, s’exécuta.

Voici quel était le contenu de l’autre missive :

« Monsieur Duputois, je vous serais infiniment