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laire et, peut-être, pédiculaire, qui lui donne l’aspect d’un pifferaro ou d’un zingaro chaudronnier, il poussa un jour ce cri fabuleux, inouï, à défoncer le firmament :

« On a parlé de me couper les cheveux ! Soleil de Dieu ! éclairerais-tu cela ? »

Il s’agissait, vous le devinez, d’un propos de conseil de revision. Il est probable que la barbe eût partagé ce navrant destin. Expédions-la, s’il est possible, en deux mots, afin de sortir de tout ce poil d’un assyrianisme contestable.

C’est la barbe en mitre, non tressée, hélas ! d’un astrologue incertain de ses horoscopes ou d’un rudimentaire sapeur assuré de sa séduction. Moins réfractaire, sans doute, que les cheveux, aux brosses et aux démêloirs, onctueuse et parfumée d’huile de cèdre ; on peut la croire un manifeste péril de tous les instants pour les cœurs élus que le menaçant cimier n’a pas mis en fuite.

Le front, c’est-à-dire l’endroit où il offre le sacrifice perpétuel de la « messe de sa pensée », est malheureusement absent ou du moins invisible sous les frondaisons de la crinière, comme un sanctuaire de druides sous les arceaux des forêts celtiques.

Mais les yeux bovins et à fleur de crâne, ronds et inanimés, semblables à des dos de poissons morts émergeant d’une onde croupie, sont d’autant plus visibles qu’un étonnement prodigieux les tient presque toujours démesurément dilatés, — l’étonnement infini d’avoir découvert qu’on