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leurs, si souvent, des cadavres de mendicitaires.

Bref, sur la déclaration de cet observateur perspicace, il fut procédé à une enquête immédiate et quand le misérable mort eut été déposé par terre et sa vermineuse paillasse bouleversée de fond en comble, savez-vous la chose inouïe qu’on y découvrit ?… Rien, absolument rien, et jamais l’étonnement humain n’avait été aussi grand.

Au point de vue littéraire, l’indigent Alphonse Daudet me représente assez exactement ce calamiteux, à cela près qu’il prend très-bien ce qu’on ne lui donne pas et que sa paillasse de défunt ne décevrait les soupçons d’aucun vigilant roublard.

Les livres des autres sont les grands chemins par lesquels il rôde et sa besace est toujours pleine quand il a fini sa tournée. Il prospère ainsi de toutes les façons imaginables, récoltant l’or ou le billon des passants intellectuels et le plaçant avec sagesse pour en tirer le meilleur profit. Il se fabrique de la gloire avec la pensée d’autrui et transmue cette gloire en très-bon argent par la vertu philosophale du caillou qui lui sert de cœur.

Il est incontestable qu’Alphonse Daudet a su conquérir une grande situation d’artiste. Les femmes pour lesquelles il a toujours exclusive-