Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.

péens qu’on puisse nommer, à ce point de vue, sans vomissement, et Dieu sait s’il fut un prodige assez lamentable ! C’est le petit roi vierge de Bavière, protégeant Wagner avec faste pour l’amour de sa musique et de ses poèmes, où il croyait se deviner en le chaste Lohengrin. Cet étrange souverain, malheureusement toqué, paraît avoir été le seul roi propre en ce triste siècle. Il eut l’indicible honneur de se ruiner lui-même, non pour des catins, mais pour un grand homme qui, sans lui, serait mort obscur, et même de ruiner un peu, du même coup, ses sujets allemands qu’il creva d’impôts, jugeant avec grandeur qu’il valait mieux embêter les boutiquiers de Munich que ne pas faire entendre Parsifal.

Les artistes, ces grands inutiles, ainsi que les renomme la salope sagesse des emballeurs et des négriers, ont absolument besoin d’un pavillon qui les protège et d’une providence humaine qui les empêche de mourir de faim.

Quand les rois ou les puissants, dont c’est le devoir, viennent à leur manquer, ils périssent aussitôt de leur belle mort, ou ils tombent dans les crucifiantes mains, dans les redoutables et profondes mains, en forme de cercueil, des impresarii.

J’étais rempli de ces idées peu folâtres, mercredi dernier, en assistant à la matinée du Vau-