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rer jusqu’à l’ombilic. La Miséricorde, aux mains pleuvantes et au cœur brisé, leur paraît une vierge folle, et leur Justice est une aire d’équarrisseur tapissée de caillots de sang.

On les dénombre sans courbature, ceux qui s’intéressèrent à la majesté spirituelle d’un artiste ou d’un inventeur. Depuis Christophe Colomb abandonné par son chien de prince et mourant dans l’indigence et l’obscurité, jusqu’au plus grand des poètes contemporains inaperçu des sportulaires attitrés du second Empire, c’est une loi presque absolue que ce qui représente l’honneur de la tête humaine soit considéré comme un excrément séditieux par ces Jupiters d’abattoir.

Je ne peux pas me flatter d’être un républicain d’une bien excitante ferveur, mais, enfin, les maîtres, quels qu’ils soient, qu’on nous a donnés, laissent encore les artistes à peu près tranquilles, quand la magistrature est assez assise pour ne pas montrer trop de sa pudeur. On peut, en s’y prenant bien, publier un livre d’art sans aller au bagne !

Mais nous serions, à coup sûr, moins favorisés par un très-grand prince qui tremblerait devant la canaille des Parlements ou des sacristies dans son carcan d’idole voleuse. Napoléon, lui-même, l’Être étonnant dont tout est à dire, qu’a-t-il donc fait pour la Pensée en ses quinze ans de toute-puissance ?

Je n’en vois qu’un seul de ces Pharaons euro-