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allait entendre cet intarissable pitre mâtiné de Gaudissart et de Pandarus, qui poussait à la consommation d’une bière dangereuse en épatant le consommateur.

Non content de haranguer dans sa boutique, il imagina le coup de réclame d’un journal hebdomadaire qui propageât, dans les trente-deux aires des vents, la gloire de son tablier.

Il lui fut alors assez facile de grouper autour de lui, par promesses vagues ou protestations d’inaltérable dévouement, une demi-douzaine d’artistes débutants et pauvres qui s’estimèrent heureux de rencontrer une publicité quelconque.

Je fus, hélas ! du petit nombre de ces carottés élus et le plus remarqué, peut-être, pour l’insolite véhémence de mes clameurs vitupératoires. Bêtement attendri par des simagrées amicales, décidé à ne rien voir de la parfaite abjection d’un personnage que je considérais en bienfaiteur, et les narines hermétiquement bouchées aux exhalaisons de son âme, je fis éperdument des écritures littéraires pour ce négociant.

Et quelles écritures, Bonté divine ! Je le répète, mon développement intellectuel avait été d’une lenteur incroyable, infinie, probablement même sans aucun exemple, et mon éducation littéraire commençait à peine. En outre, j’apportais, avec ma préconception religieuse, une enragée famine d’Absolu, un besoin fabuleux