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Mais en voilà bien assez, n’est-ce pas ? sur cette duchesse dont Paris déjà se fatigue et que je n’ai nullement formé le dessein de déshonorer. Je voudrais finir par deux mots sur la charité, dont on bafouille depuis quelques jours.

Avez-vous remarqué l’imbécillité prodigieuse de l’argent, l’infaillible bêtise, l’éternelle gaffe de tous ceux qui le possèdent ? On a infiniment écrit sur ce métal. Les politiques, les économistes, les moralistes, les psychologues même et les mystagogues s’y sont épuisés. Mais je ne remarque pas qu’aucun d’eux ait jamais exprimé la sensation de mystère que dégage ce mot étonnant.

L’exégèse biblique a relevé cette particularité notable que, dans les saints Livres, le mot argent est synonyme et figuratif de la vivante Parole de Dieu. D’où découle cette conséquence, que les Juifs, dépositaires anciens de cette parole, qu’ils ont fini par crucifier quand elle est devenue la Chair de l’Homme, en ont retenu, postérieurement à leur déchéance, le simulacre, pour accomplir leur destin et ne pas errer sans vocation sur la terre. C’est donc en vertu d’un décret divin qu’ils posséderaient, n’importe comment, la plus large part des biens de ce monde. Grande joie pour eux ! Mais qu’en font-ils et qu’en font