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XXIV

LES FANFARES DE LA CHARITÉ


À mon cher filleul
LOUIS-JOSEPH L’HUILLIER

Pourquoi ne l’avouerais-je pas ? Ma tentation était forte de manquer de respect à cette trépassée fameuse, dont tous les journaux de la terre ont publié, ces jours derniers, le panégyrique.

Je sentais un énervement terrible à toujours entendre la même jérémiade clichée sur la beauté d’âme de tous les défunts pourvus de millions, quel que soit l’usage qu’ils en aient pu faire pendant leur voyage de noces avec la terreuse humanité, honorée parfois de leurs complaisances. Le cynisme des lamentations prostituées m’incitait à d’irrespectueuses clameurs. À quoi bon ?

La duchesse de Galliera, rivale des impératrices, « est couchée à jamais », comme la Cléopâtre d’or d’un temps qui réprouve toute autre grandeur. Son corps attend la résurrection dans un caveau plus ou moins fastueux et son âme, — l’âme