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intéressée à d’aussi basses informations. Mais il est trop certain que l’impudente fortune de pareils établissements est un document pour l’histoire de notre décadence. Le silencieux Mépris est vaincu…

Car il faut bien l’avouer, la clientèle de ces assommoirs, d’un héraldisme suspect, n’est pas exclusivement recrutée parmi les bohèmes et les chasseresses nocturnes, comme de candides patriarches pourraient le conjecturer. La Haute Vie s’imprègne peu à peu de cette montante crapule et jusqu’à des femelles de princes ont été curieuses de s’enfoncer jusqu’aux épaules dans cette boue de bêtise.

S’il est vrai que l’amour croissant d’un peuple pour les histrions qui lui lancent à pleines mains l’ordure au visage, soit un clair pronostic de la plus ignoble mort, on ne peut se dispenser d’accorder, au moins, une mention de prodrome à ces « gentilshommes cabaretiers, » suivant l’expression d’un niais grandiloque, candidats fantaisistes prometteurs de « joie, » qui croiraient déroger peut-être, — ces Encelades du bock et de l’amer Picon, — en escaladant le verre d’eau de la tribune parlementaire, tant ils sont devenus altiers !

Après tout, ne vaudrait-il pas mieux qu’il en fût ainsi et que la démence contemporaine allât jusque-là ? Le Cabotinisme commercial aurait enfin ses représentants dans la grande manufacture des lois, et qui sait si la suprême dé-