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On a ce goût diabolique et on ne s’en cache pas.

La semaine passée, Ignotus parlait à cette place[1] des affiches abominables par lesquelles les yeux et l’âme des enfants sont souillés à toute minute et dans toutes les rues de Paris, sans qu’aucune police ait le pouvoir de protéger efficacement ces êtres sans défense. Il proposait qu’on fît un procès au Ministre qui tolère de tels abus et qui les approuve même implicitement, puisqu’il ne met pas tout en œuvre pour les empêcher. Dans l’état actuel de nos mœurs et de nos cervelles, je doute fort qu’un procès de cette nature se terminât à la satisfaction de la pincée d’honnêtes gens, capables encore de sentir un degré quelconque d’horreur pour ces viols publics. Le Français de la décadence a des passions séniles qui lui font trouver un ragoût inexprimable à toute tentative de corruption sur les innocents et les impubères. Cette bête féroce se repaît par prédilection des jeunes cadavres et il n’y a pas lieu d’espérer qu’elle y renonce sur la vaine menace d’un scandale qui ne servirait qu’à exaspérer sa frénésie.

La décision du Conseil municipal est une réponse péremptoire et très-claire à la postulation indignée de mon généreux confrère. Il faut avoir la virilité de s’avouer à soi-même cette vérité peu consolante, mais fort certaine, que le Conseil municipal de Paris n’est nullement une faction,

  1. Figaro.