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l’attentat grandit toujours le coupable, fût-il d’ailleurs le plus lâche, le plus abject et le plus imbécile des profanateurs. Je pense que c’est ici le cas ou jamais d’être consterné de cette humiliante loi.

Jamais, en effet, un livre plus indigent par la forme autant que par le fond, plus scélératement bête, plus menteur, ne menaça une société aussi salope d’un plus effroyable danger ; et jamais, à coup sûr, un aussi terrifiant holocauste d’âmes ne fut ordonné par un Hérode plus goujat et plus chétif.

Je n’ai pas la prétention d’avoir fait une découverte. Je n’annonce aucune nouveauté. La décision du Conseil municipal est connue depuis plusieurs jours et la scandaleuse plaquette a déjà fait son triste bruit dans les journaux. Mais je me persuade qu’une clameur indignée n’est pas tout à fait inutile et qu’à certaines heures d’obscurité et de guet-apens, c’est un strict devoir pour le premier passant venu de s’ériger en accusateur public.

Voici réellement le crime le plus énorme, par ses effets immédiats aussi bien que par ses conséquences éloignées, qui puisse être commis par des hommes : le crime contre l’enfance, l’extermination sociale par l’empoisonnement des sources humaines de l’avenir. L’ignoble Paul Bert lui-même est tout à coup dépassé. Il ne s’agit plus d’évincer simplement Dieu de l’école, on veut le blasphème dans la bouche des enfants.