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raires. On a mal au cœur de tout ce qui faisait la vie morale de l’ancien monde, et l’immuable nature de l’homme s’acharne pourtant à solliciter de l’idéal. Ce tigre veut sa pâture, sous peine de dévorer son triste cornac.

Or, il devient terriblement difficile à dénicher, ce merle blanc d’idéal, dans une civilisation de prétendue science et d’argent qui a congédié, depuis si longtemps, comme d’offensives chimères, la Foi, l’Enthousiasme, l’Héroïsme et jusqu’à la pauvre Charité tout en pleurs !

Le célèbre naturaliste Huysmans a raconté, dans un livre de désolation, cette recherche désespérée de l’idéal à rebours, cette humble demande d’une minute de rêve à l’idiotifiante banalité des brasseries à femmes et des caboulots.

Mais cela, c’est encore un idéal grossièrement allié de charnelle convoitise. Il en est un autre non moins imploré et encore plus bête, s’il est possible. C’est l’idéal pur des brasseries Moyen-Âge et Renaissance, généralement instaurées par des peintres exigus, pour le haut ragoût des imaginations romantiques.

Honneur donc à ces industriels qui surent discerner avec profondeur la souveraine puissance du tréteau et le despotique besoin moderne d’avilissement ! L’équitable Réclame les inonde de ses faveurs et l’inconstante Fortune elle-même suspend en ex-voto, aux murs anachroniques de leurs « cabarets, » sa roue capricieuse, enfin immobilisée.