Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Si le prince Frédéric-Charles veut se porter roi de France, je lui donne ma voix. » !!!

Et, quand il a vu passer les prisonniers traînés à Versailles pour la fusillade ou l’exil, savez-vous ce que suggère à ce vieux pion tout conchié de peur, la vision dantesque de ce défilé des victimes de l’enthousiasme politique ou du désespoir ?

« L’âme avait-elle jamais éclairé de son rayon ces faces patibulaires et bestiales ? Avec quelle joie sereine, en revanche, l’œil se reposait, à côté, sur les loyales figures de ces braves gendarmes, qui, marchant d’un pas allègre aux flancs de la hideuse colonne, lui formaient un sévère et martial encadrement. Dire qu’il serait peut-être nécessaire de fusiller QUATRE-VINGT MILLE de ces gredins ! »

Je ne sais si mes souvenirs sont fidèles, mais il me semble que Marat n’en demandait pas tout à fait autant. L’homme capable de trépigner ainsi sur des vaincus et des enchaînés ne résume-t-il pas expressivement cette bourgeoisie féroce, adipeuse et lâche, qui nous apparaît comme la vomissure des siècles et qui l’a si justement choisi pour son précepteur ?

Mais cela ne fut qu’un éclair dans sa vie, une lueur très-furtive, tout juste ce qu’il en fallait pour qu’un horrible gueux se manifestât sous le