Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.

salir la pauvre cloison de probité fière qui les sépare de la considération publique aussi sûrement que quarante abîmes ; — ils ont, du moins, le soulagement de ne pas subir les frictions exanthémateuses de la camaraderie.

Ces nourrissons inquiétants de la tigresse enragée qui fut leur marâtre ont, pour narguer tout dispensaire, les verrous et les triples barres d’un Mépris inexorable et cadenassé comme la poterne des cieux.

Ce mépris est la patrie de leur adoption, c’est l’unique adresse qu’ils puissent offrir aux chers confrères qui seraient tentés d’accourir, en les informant avec bonté de la circonstance d’un périculeux escalier, au travers duquel dégringoleraient sans espoir les plus superbes archanges.

C’est pour ces volontaires captifs de l’Adoration perpétuelle et de l’Obscurité sainte, — pour ces rares Ugolins de l’Intelligence qui n’ont pas même la consolation de dévorer leur progéniture, — que j’ai tenté d’exprimer, en épiphonèmes inspirés du vieux Juvénal, mon inguérissable horreur.


1er novembre 1890.