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tente sur lequel vous devez vous tenir jusqu’à ce qu’une personne énergique vous ait reconstruit une religion. »

Ce Moi, bien entendu, c’est encore et toujours Barrès lui-même, aucun autre Moi que le sien ne pouvant être admis à franchir le seuil du laboratoire de son « Inconscience ».

Quels efforts n’a-t-il pas tentés, pourtant, ce petit Dieu peinard, pour se faire agréer comme le très-humble créateur du monde, en ayant l’air de se moquer de sa propre Majesté sacrée ! Sans cesse, il se fit précéder de cette ironie familière dont il parle si volontiers, comme un pasteur harmonieux pousse devant lui le profitable troupeau qui lui sert de paravent contre la tempête.

Il espérait, le blême Seigneur, s’abriter ainsi de l’averse du ridicule et des grêlons du sarcasme dévolus à tout farceur, même adolescent, qui promulgue sa divinité.

Mais le malheureux n’a pu s’empêcher d’écrire des mots qui seraient bien effrayants, si on ne se disait pas qu’on est en présence d’un de ces petits vétérinaires attitrés qui entretiennent par des lavements bénins l’égalité d’âme du Psychologue.

Hélas ! oui, il a écrit : « Mon royaume n’est pas de ce monde », parodiant le Texte terrible, à la manière d’un malpropre fagotin égaré dans une église et contrefaisant les gestes saints du consécrateur… « J’eus le souvenir de Saint-Thomas d’Aquin, disant à l’autel de Jésus : Seigneur, ai-je bien parlé de vous ? Et devant Moi-