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Assurément, c’est de Dieu lui-même qu’on parle ici, puisque le Livre fut écrit — pour ne parler que de LUI — par une trentaine d’hommes qui étaient autant que des anges.

Mais ceux qui savent l’Absolu n’ont qu’à lire un mot de ces Écritures scellées pour concentrer instantanément toutes les ambiances des mondes. Tout ce qui peut être conçu leur apparaît alors intégrant de la Permanence.

Ne serait-il donc pas un milliard de fois inintelligible que la langue impérissable des humanités, le précieux et sacré Latin des Sept Sacrements et des Sept Douleurs ne fût pas implicitement et consubstantiellement désigné dans un tel cantique ?

Dedit abyssus vocem suam, altitudo manus suas levavit ! La résipiscence de l’Abîme !

Les grands Voyants d’Israël parlent volontiers de l’Abîme, comme ils parleraient d’un homme, de l’Homme-Dieu, sans doute. Cet Abîme, rencontré partout, ressemble incroyablement au Verbe incarné et l’Esprit de Dieu, se promène sur sa Face, en compagnie des ténèbres[1].

Il souffre, il crie et pleure, il lève les mains, il sauve, il est effrayant dans sa colère, mais avant tout, il s’incarne, le pauvre Abîme ! Cela, il le faut absolument, car les cieux, les inexplicables et indéployables cieux ne le peuvent plus contenir et vont éclater.

  1. Genèse, chap. I, v. 2.