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Seigneur, le néant n’a ni droit ni pouvoir : je ne suis rien, je ne peux rien !…

Ne soyez pas invincible, puisque vous êtes Dieu…

Père qui prenez plaisir à céder, étant la Toute-Puissance, à vous baisser, étant la Toute-Hauteur, à être vaincu, étant la Gloire… Exaucez-moi sans mérite, comme vous m’avez créé de rien…

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Ce désir immense et indéterminé qui m’a toujours séparé de toutes les créatures, ce trait de feu qui passait entre moi et les enfants de mon âge,… cette impuissance de me satisfaire, ce dégoût inexprimable de la limite, même éloignée, tout cela, c’est le fond du cœur de l’homme, c’est-à-dire le désir de voir la Face de Dieu. Sa Face, c’est sa Gloire… Et sa Face, je vais la voir, sur la terre, car je l’ai désirée. Alleluia !

Je vais la voir et tomber mort ; puis je me relèverai revêtu de sa ressemblance, et alors je parlerai.

Ces prières, dignes du meilleur Verlaine de Sagesse, écrites sans doute loin des yeux de madame Hello et cachées avec soin, je le suppose, dans un tiroir mystérieux où elles ne furent découvertes qu’après la mort, sont terribles.

Fallait-il que le malheureux en eût sur le cœur et qu’il sentît sa détresse pour trouver de tels accents ! La lecture seule de la honteuse et grotesque biographie peut donner une idée du gouffre de misère où il était descendu.

Que pensez-vous, par exemple, de l’introduction de la viande dans la vie contemplative ?