Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/217

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Voix de la Chair : un gros tapage fatigué.
Des gens ont bu. L’endroit fait semblant d’être gai.
Des yeux, des noms et l’air plein de parfums atroces
Où vient mourir le gros tapage fatigué.

Voix d’Autrui : des lointains dans des brouillards. Des noces
Vont et viennent. Des tas d’embarras. Des négoces,
Et tout le cirque des civilisations
Au son trotte-menu du violon des noces.

Colères, soupirs noirs, regrets, tentations,
Qu’il a fallu pourtant que nous entendissions
Pour l’assourdissement des silences honnêtes,
Colères, soupirs noirs, regrets, tentations,

Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes,
Sentences, mots en vain, métaphores mal faites,
Toute la rhétorique en fuite des péchés,
Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes !

Nous ne sommes plus ceux que vous auriez cherchés.
Mourez à nous, mourez aux humbles vœux cachés
Que nourrit la douceur de la Parole forte,
Car notre cœur n’est plus de ceux que vous cherchez !

Mourez parmi la voix que la prière emporte
Au ciel, dont elle seule ouvre et ferme la porte
Et dont elle tiendra les sceaux au dernier jour,
Mourez parmi la voix que la prière apporte,

Mourez parmi la voix terrible de l’Amour !

Avant la surnaturelle péripétie qui courba si glorieusement son âme, déjà ce puissant poète