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des palpitations du cœur et chacune des vibrations de la pensée ; enfin demander pardon à son Dieu de l’aimer et de prétendre souffrir pour lui, en se considérant comme une ordure qui n’a que de l’ordure à offrir, alors même que ce serait la plus belle poésie du monde. Mais c’est le christianisme des catacombes, cela, c’est l’immolation absolue du cœur dans l’humilité parfaite, et il n’est pas surprenant que le prospère bétail de nos sacristies n’y comprenne rien !

Cet homme qui, tout à coup, se calfeutre aux bruits du monde, est bien plus méprisant encore que Baudelaire, qui voulait, du moins, qu’on le crût invincible à toute émotion terrestre, et l’excellence de son dégoût est en raison de la parfaite solitude où son âme s’est engouffrée afin de pouvoir crier vers Dieu, des profondeurs. Les fanfares aussi bien que les soupirs lui paraissent désormais vils et fastidieux, quand ils ne sont pas une expression de l’Amour divin ou une forme quelconque de la guérisseuse prière :

Voix de l’Orgueil : un cri puissant comme d’un cor,
Des étoiles de sang sur des cuirasses d’or.
On trébuche à travers des chaleurs d’incendie…
Mais en somme, la voix s’en va, comme d’un cor.

Voix de la Haine : cloche en mer, fausse, assourdie
De neige lente. Il fait si froid ! Lourde, affadie,
La vie a peur et court follement sur le quai
Loin de la cloche, qui devient plus assourdie.