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moins notables dont je me suis ingéré de vous étaler, en ma personne, le croupissement.

J’ai cru, néanmoins, expédient et sage d’obéir à l’impulsion qui m’entraînait à vous recruter, ô Chef des élus, pour l’assainissement de cette canaille.

Il s’agit de savoir si vous acceptez l’oblation de la Poésie ou si vous ne l’acceptez pas. Il se trouve que, par l’effet d’une obscure loi, cette contemplative, qu’on pourrait croire amarrée à la table de vos autels, habite en réalité parmi ceux qui vous ignorent ou qui vous méprisent, et les apôtres congestionnés de vertus qu’on vous malfaçonne, non seulement ne galopent jamais après elle, mais l’écartent studieusement de vos seuils, en la gratifiant quelquefois d’une sommaire malédiction.

En voulez-vous décidément ? Je vous l’apporte, moi chétif, garrottée comme un succube, car elle n’est pas venue de son plein gré. Elle s’occupait d’affoler et de pourrir des aveugles-nés. Je l’ai conquise et je l’ai domptée pour vous seul, ayant réussi à m’emparer de son attirail d’ensorcellement, de ses rythmes, de ses images, de ses philtres, de ses grimoires, et la voici, ma parfaite esclave, dans la posture d’adoration que ma volonté lui imposa.

C’est pour cela que j’ose me déclarer le mandataire de tout un monde. Ce que je vous offre, mon Dieu, est un non moindre trophée que la Chimère des esprits superbes qui se sont éloi-