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L’Homme, inouïs d’analyse et de vivisection sur les cœurs, à propos de l’Avarice et de la Médiocrité, par exemple, trahissent assez l’étonnant pouvoir de ce cerveau hanté du mystère, s’il avait plu à Dieu de le pondérer.

Partout ailleurs, il est en cris et en extase. On dirait qu’il ne connaît pas d’autres procédés que l’enthousiasme. Dans Paroles de Dieu, livre sans ordre qui n’est qu’un essai d’interprétation de quelques versets du Saint Livre, on le voit s’arrêter subitement devant un texte, comme on s’arrête devant un homme extraordinaire, et cette clameur du ciel, il la répercute aussitôt en poussant des cris de la terre. Il renvoie sur ce texte toutes les flammes qui viennent de s’allumer en lui pour qu’il éclate comme la foudre. Dans le transport de son zèle, il se jette sur le langage humain, sur ce langage prostitué à toutes les formules de l’idolâtrie littéraire, il le traîne aux pieds du Seigneur Dieu et le force à confesser son impuissance et sa nudité. Il sent à des profondeurs inconnues le néant de la parole de l’homme en présence de la Parole de Dieu et dénonce à toute page le blasphème effrayant de l’antagonisme supposé par l’orgueil. Enfin, il n’en revient pas que Dieu ait parlé et que les hommes aient trouvé ensuite quelque chose à dire.

Cette manière d’être est assurément des plus grandes, mais au prix de quels dangers ! Cet homme vraiment supérieur et, parfois, estam-