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l’ancien compétiteur du Très-Haut afficha partout son antagonisme éternel.

Aujourd’hui l’expérience a suffisamment divulgué cette antinomie et il fallait l’innocence têtue d’Ernest Hello pour espérer la soumission d’un si vieux rebelle. Il me semble, toutefois, que l’extrême incompatibilité de l’art moderne avec les exigences d’un catholicisme pratique aurait dû précisément avertir un pareil métaphysicien de la présence de quelque mystère. Cet expectant du règne de l’Esprit-Saint, ce millénaire impatient de tous les miracles et de toutes les consommations divines, ne se devait-il pas à lui-même de conjecturer un renouvellement de toutes choses analogue, par exemple, à la Transsubstantiation ?…

Et puisqu’il est démontré que les âmes les plus parfaites et les plus capables de laver les Pieds saignants de Jésus-Christ sont justement les plus quémandeuses de nard profane, ce rêveur ne pouvait-il pas augurer quelque céleste péripétie qui justifierait enfin les antichrétiennes pratiques de l’Art, en canonisant sa rébellion ? Il est possible qu’une véritable intuition de prophète eût été la récompense de cette audace.

Seulement, il aurait fallu ne pas croupir, comme un Job dénué d’Orient, sur le fumier des librairies catholiques. Il aurait fallu ne pas être le sublime et navrant Jocrisse d’un apostolat du Beau assez comparable à la dissémination d’une