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ne pouvaient pas être des ennemis affichés de sa personne ou de son talent. Mais, bon Dieu ! qu’ils devaient faire d’étranges amis, ces prêtres ou ces culminants laïques, inférieurs, à coup sûr, à ce concurrent formidable qui venait, contre toute espérance, livrer sa prose à leur merci !

Dans l’étonnante ingénuité de son cœur, l’innocent Hello ne pouvait admettre l’irrémédiable cécité des chrétiens modernes à l’endroit de toute œuvre d’art, le desséchement fossile, l’aridité polaire de cette société sans sève et sans renouveau, où sa timide conception de la charité lui faisait un devoir de se consumer.

Il voulut supposer, quand même, la possibilité de galvaniser ou de ressusciter cette nécropole, se condamnant à ne jamais regarder du côté du vaste monde des vivants étrangers au Christ et privés d’apôtres, pour qui le Rédempteur n’a pas moins souffert.

Il ne se mêla point aux profanes et ne fut jamais leur convive dans les oasis, non qu’il crût avoir le droit de les détester, mais parce qu’il redoutait leur contact et croyait obstinément à l’obligation d’exhorter d’abord l’Arabie Pétrée.

Ce fut une grande pitié de voir ce noble esprit saturé d’idéal et gourmand de magnificence, s’efforcer opiniâtrement à l’ingrate besogne d’ensemencer de son enthousiasme la désolante caillasse du christianisme contemporain, l’infertile silex des cœurs dévots, d’où les marteaux et les