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parmi les chrétiens de crier la vérité « par dessus les toits » et de ne jamais reculer devant les « scandales nécessaires. » Maintenant, les mêmes chrétiens insensiblement inoculés, depuis longtemps, des sales virus de ces deux malpropres engeances, en sont venus à se persuader que la vérité n’est pas bonne à dire et que le scandale est toujours funeste, — blasphémant ainsi, sans même s’en apercevoir, les leçons du Maître qu’ils font profession d’adorer et qui mourut en croix pour leur certifier sa Parole.

Qu’importe, après tout, l’universelle coalition de ces infusoires ? Les œuvres puissantes et belles ont une longévité prodigieuse qui les fait aïeules des pensées futures. Ah ! sans doute, la postérité ne décerne pas infailliblement la justice, mais en la supposant plus abjecte encore que les générations avilies du présent siècle, il y aura toujours une élite pour se souvenir et pour témoigner.

Piètre réconfort, je le sais bien, que cet espoir d’un salaire d’admiration si posthume devant être ordonnancé, dans un siècle ou trois, par quelques loqueteux de génie dont la naissance est incertaine et qui ne viendront que pour recommencer les mêmes douleurs ! Pourtant, la nature de l’homme est ainsi faite que c’est un réconfort tout de même.

Quand les titulaires actuels du nom de chrétiens seront tellement défunts et amalgamés au néant que leurs savoureuses carcasses auront