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débauche ? Pourquoi donc pas cette réalité, puisqu’il fallait que le Diable soufflât sur ce livre esthétiquement conçu comme le véridique miroir d’un état d’âme tout à fait humain et que, par conséquent, l’extrémité du Péché Mortel y devait être indispensablement déroulée ?

Il resterait, peut-être, à écrire une autre série de Diaboliques, où les hommes, exclusivement, cette fois, seraient les boute-feux de la perdition. La matière serait copieuse. Mais Barbey d’Aurevilly a choisi les femmes qu’il voyait mieux dans leur abomination et qui lui semblaient devoir porter avec plus de grâce la fameuse chape dantesque dont l’affublement sied, pourtant, si bien à de certains hommes.

N’importe, les femmes qu’il a peintes sont exécrables et sublimes. Pas une qui ne soit complice de la moitié des démons et qui ne reçoive, en même temps, la visitation d’un art angélique. Le grand artiste qui les créa semble gardé spécialement par des esprits non moindres que des Dominations ou des Trônes,… mais triés, sans doute, parmi ceux-là dont les lèvres sont demeurées pâles depuis les siècles, ayant été, — pendant un millionième de la durée d’un clin d’œil, — fascinés par Lucifer et sur le point de tomber dans les gouffres piaculaires.