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Une eau-forte de Félicien Rops nous montre l’une d’elles, debout, les pieds sur un enfant mort et de ses deux mains tragiquement ligaturées sur ses lèvres, bâillonnant, calfeutrant, séquestrant sa bouche. Garrottée dans son mensonge, comme le Prince des maudits au fond de son puits de ténèbres, c’est la fantaisie de ce fantôme de descendre ainsi l’emblématique bandeau de la passion et de signifier, en cet ajustement nouveau, pour les suppôtes des démons, la déchéance de la cécité.

L’amour, ici, n’a plus même l’honneur mythologique de paraître un rapsode aveugle ; c’est une cariatide de la maison du Silence, fagotée par les serpents du crépuscule, pour d’insoupçonnables attentats.

Les femmes des Diaboliques sont, en effet, tellement les épouses du Mensonge que, quand elles se livrent à leurs amants, elles ont presque l’air de Lui manquer de fidélité et d’être adultères à leur damnation pour la mériter davantage.

Tout en elles semble porter en dedans, suivant l’expression de l’auteur. Elles sont inextricables de replis, entortillées comme des labyrinthes, serpigineuses comme des ulcères, et leur abominable gloire est d’avoir dépassé toute fraude humaine pour s’enfoncer dans l’hypocrisie des anges.

« Je suis convaincu, dit Barbey d’Aurevilly, que, pour certaines âmes, il y a le bonheur de