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réputation de salle d’armes. Seulement il ne me semble pas également pourvu de ce courage moral dont j’ai le droit de parler, qui me fit affronter la misère, l’obscurité, et qui me pousse à divulguer l’infamie des chenapans qui détiennent la publicité…

« Pamphlétaire ! Sans doute que je le suis, pamphlétaire, parce que je suis forcé de l’être, — vivant, comme je peux, dans un monde ignoblement futile et contingent, avec une famine enragée de réalités absolues. Tout homme qui écrit pour ne rien dire est, à mes yeux, un prostitué et un misérable, et c’est à cause de cela que je suis un pamphlétaire. Mais être un pamphlétaire pour de l’argent !… L’être pour ça et l’être comme ça !…

« Enfin, sa réputation est faite. La mienne aussi, d’ailleurs. Je ne suis, comme lui, paraît-il, qu’un pamphlétaire. Quant au penseur et à l’artiste qui peuvent se trouver en moi, personne n’en dit rien, n’en dira jamais rien, quand même cela crèverait les yeux, — parce qu’il importe d’établir que je suis simplement un envieux qui n’attaque ses contemporains que par fureur de son obscurité et de sa misère. Or le monde des lettres sait exactement à quoi s’en tenir, mais nul n’ose me défendre…

« J’ai constamment fui l’occasion du succès, lorsqu’il fallait l’acheter au prix de la moin-