Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il n’y a jamais eu qu’un seul catholique de talent accepté ou subi dans cet incroyable milieu. C’est Louis Veuillot. Mais celui-là, c’était l’amant à coups de bottes par qui les vieilles infantes sont quelquefois subjuguées et qui entretient l’amour à renfort de gifles et d’engueulements. On sait, d’ailleurs, l’usage qu’il fit de son autorité, ce laïque majordome de la pitance des âmes, qui ne voulut jamais partager avec aucun autre et qui, jalousement, écarta, tant qu’il vécut, les rares écrivains qui eussent pu rompre moins parcimonieusement aux intelligences le pain d’enthousiasme dont il les frustrait…

Si Dieu était beau, pourtant ! Si tous ces sacrilèges adorateurs qui le supposent à leur image se trompaient, décidément, et qu’au lieu de cet écœurant Adonis des salons, sans Calvaire ni Sueur d’Agonie, — qui devient si facilement le Moloch des humbles, — ils eussent à compter, une bonne fois, avec un Jésus d’une splendeur terrible, revenu sur terre, foudroyant de magnificence, ruisselant, pour brûler les yeux et pour fondre les métaux, de cet Idéal essentiel dont les poètes et les artistes furent, dans tous les temps, les pauvres fontaines disséminées et mal famées, — dans quelles cavernes pourraient-ils bien cacher leur stupéfaction et s’abriter de ce déluge ?…