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tour de sa personne, toutes les formules équivoques ou conditionnelles de la demi-douzaine de langues savantes qu’il a la réputation de parler[1]. »

Je n’ai pas eu la consolation de revoir M. Renan depuis cette époque, mais on m’assure qu’il n’a pas changé et je suppose qu’il était à peu près le même au moment du fameux dîner de 1870 dont il digère si péniblement le souvenir.

Les dénégations hautaines qu’il oppose au récit de ce festin me mettent fort à l’aise pour n’en pas douter un seul instant. Le rôle ignoble qu’il y joua me semble en accord parfait avec l’expression ci-dessus détaillée de son patelin visage et merveilleusement approprié aux qualités d’âme que transsude son œuvre entier. Il n’y a pas de gouffre appréciable entre l’apostasie et la trahison.

M. de Goncourt a raconté les faits avec une exactitude rigoureusement garantie par sa méthode de travail sans laquelle il n’eût jamais existé comme écrivain. Mais il est profondément regrettable qu’il n’ait pas pensé sur cet incident capable de suggestionner des portes cochères.

Nous eussions alors contemplé, dans la profonde réalité de sa nature, le glorieux Ernest

  1. Léon Bloy. — Propos d’un Entrepreneur de démolitions. (Stock, éditeur.)