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les préfaces quand il s’agit de déchiffrer un roman d’Edmond de Goncourt. Elles facilitent singulièrement le travail de la Critique. Son lourd esprit le trahit à toute ligne et, quand il parle de lui-même, raconte sans cesse l’étrange misère de son orgueil de volatile parvenu.

Écoutez plutôt cet impayable cicerone du Colisée de sa propre estime :

« Aujourd’hui que plus de trente ans se sont passés depuis l’autodafé d’En 18… (Il vient de nous apprendre que son frère et lui s’étaient décidés à brûler tous les exemplaires jugés par l’éditeur encombrants et de nulle défaite, même comme papier de chauffage), je n’estime pas beaucoup meilleur le volume, mais je le regarde, ainsi que madame Sand m’a appris à le considérer, (Quelle Égérie achalandée que cette vieille chaussette bleue, tout le monde l’a consultée !) comme un intéressant embryon de nos romans de plus tard, comme un premier livre contenant très-curieusement en germe les qualités et les défauts de notre Talent (Lisez : incomparable génie), lors de sa complète formation ; (Ceci est inexact et je soupçonne M. de Goncourt de désirer qu’on n’en croie rien. Il n’y a ici ni embryon ni germe. En 18… est le roman Goncourt dans tout son développement) — en un mot, comme une curiosité littéraire qui peut être l’amusement et l’instruction de quelques-uns. (Comme amusement, je préférerais le bilboquet, mais je veux que le diable m’enlève si je comprends en quelle sorte ce livre pourrait bien être instructif.)