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l’imbécile absolu, colossal, que cet inespéré triomphe allait susciter, ne tarda guère à traîner le nom de son parrain littéraire dans le margouillis de ses ridicules insondables. J’y fus moi-même de mon petit dithyrambe, mais avec moins de déchet, n’ayant, alors, d’autre notoriété que la surprenante infamie de mes pratiques de pamphlétaire.

À dater de ce jour, non seulement Péladan cessa d’avoir du talent, mais il renonça même à tout effort pour écrire dans une langue sortable. Il devint liquide et défluent, à la façon de Paul Bourget et de quelques autres décrocheurs de timbale dont la clientèle est assise et qui peuvent désormais lui débiter impunément n’importe quoi.

En revanche, le grotesque ineffable de l’illuminé qui s’était contenté de poindre, çà et là, dans son premier livre, apparut aussitôt dans les autres comme une montée de déluge, comme un typhon, comme l’éventrement des cataractes célestes, comme un cataclysme de cocasserie et d’universelle désopilation.

Des livres tels que Curieuse, L’Initiation sentimentale, À Cœur perdu et Istar qui vient de paraître, furent lancés sur ce globe aride comme des exemples déconcertants, décourageants, de la puissance infinie du comique humain résorbé dans un seul mortel. C’est toujours le même