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marquables esprits de ma génération, contempteur assidu de la plupart des livres modernes, qui achète régulièrement les tomes de la Décadence latine, à mesure qu’ils sont pondus et livrés à la voracité des contemporains. Nous en avons, parfois, recueilli la consolation la plus efficace et j’imagine que beaucoup d’autres affligés pourraient espérer de cette lecture un notable réconfort.

Je ne puis oublier qu’en des heures sans joie, en des heures mortelles où la parfaite saloperie du monde ambiant nous suffoquait, les œuvres de ce pileux mystagogue, qu’on lisait ensemble, nous furent un inestimable népenthès. On éclatait dès les premières lignes et bientôt on se roulait par terre dans les convulsions de la plus inextinguible gaieté. C’était un enthousiasme, un délire, une pâmoison. À ce point de vue, je suis donc forcé de conclure à l’urgence d’une patriotique réclame.

Pourtant, lorsqu’il y a quatre ans, Joséphin Péladan débuta dans les lettres par la publication du Vice suprême, il y eut une heure de surprise et même de stupéfaction. Ce nouveau venu avait l’air d’apporter une pensée nouvelle. Puis, il y avait des qualités de style, malgré le poncif et l’imitation.

Plusieurs y furent pris. Barbey d’Aurevilly lui décerna l’encouragement d’une préface où il évoquait inconsidérément le souvenir énorme de Balzac, ce dont il eut bientôt à se repentir, car