Page:Bloy - Belluaires et porchers, 1905.djvu/100

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tant j’étais pénétré d’un respect tremblant ! Qui sait si ce n’est pas un pentacle, un talisman de chair glorifiée, quelque annexe mystérieuse au puissant cerveau de ce prophète qui lui déléguerait sa sagesse, pour être exactement informé de tous les bruits de la terre et de toutes les rumeurs des cieux ?

Affublé d’un veston de velours bleu, gileté d’un sac de toile brodé d’argent, drapé d’un burnous noir en poil de chameau filamenté de fils d’or et botté de daim, — mais probablement squalide sous les fourrures et le paillon, — ce Franconi de l’Exégèse et ce polonais de la Kabbale, parcourt les villes et les plages pour recruter des adorations. Il n’ambitionne pas moins que tous les cœurs et tous les esprits et si quelque âme dévote lui abandonne par surcroît son corps et la totalité de sa fortune, il raflera par pitié ces dons précaires et continuera sereinement son assomption vers les plus lointaines étoiles.

Avant d’écrire un mot de plus, je tiens à protester de ma parfaite indifférence aux intérêts de Joséphin Péladan et la preuve que j’en donne, c’est qu’il m’est tout à fait égal de lui conditionner ce qu’on est convenu d’appeler de la réclame. Cependant, je le devrais peut-être, par charité pour plusieurs que l’ennui dévore.

Je sais un écrivain fort connu, un des plus re-