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critique sociale

Deux classes souffrent de la dépréciation du numéraire, deux classes placées aux deux pôles opposés, les rentiers et les travailleurs. La rente reste servie à l’ancien taux. Elle perd donc la différence survenue. Le salaire la perd également. Le peuple ne devine pas la réalité. Il accuse l’enchérissement des marchandises.

Les premiers à profiter de la révolution sont les propriétaires. Les vivres étant par excellence la denrée de première nécessité, il est impossible de s’en passer un seul jour. Le producteur la tient à haut prix et ne la cède que contre la nouvelle valeur de la monnaie. Le propriétaire de maisons suit l’exemple. On ne peut pas coucher dehors. Il faut subir sa loi.

Quand nous disons le producteur, il faut s’entendre. Le propriétaire terrien ne produit pas, puisqu’il ne cultive pas. Il a des fermiers, des métayers. Il augmente le prix du fermage, et empoche ainsi le bénéfice de l’enchérissement.

Les autres objets haussent également, mais moins vite, et toujours en raison de leur nécessité. On ne peut différer son dîner. On ajourne l’achat d’un vêtement. De là, souffrance comparative dans le trafic industriel. Le commerce agricole au contraire à tout l’avantage. C’est en effet ce qui se voit depuis 1848.

Le blé et les céréales en général n’ont que faiblement participé à la hausse des subsistances.