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Ainsi non seulement les capitaux bien dirigés multiplient la richesse, mais ils ajoutent encore à la considération de l’homme ; ils sont aussi un puissant moyen de moralité. Dans le pays dont nous venons de parler, la débauche n’est pas devenue, comme ailleurs, une sorte de mal-nécessaire ; le séducteur n’abandonne pas la femme qui a manqué pour lui à ses devoirs ; il se marie parce qu’il sait pouvoir subvenir par son travail aux besoins de la famille qu’il se crée, à l’éducation des enfants qu’il peut avoir.

C’est en suivant cette marche que les Américains sont parvenus à réaliser des progrès si incroyables dans un demi siècle. Là où s’élevaient il y a 50 ans les arbres séculaires des forêts vierges dont les voyageurs nous ont donné de si magnifiques descriptions, on compte les villes par centaines ; de vastes terrains incultes qui rappelaient en les voyant les steppes de la Russie ont été livrés à la culture ; des routes, des canaux des chemins de fer, ces produits admirables d’une civilisation avancée, sillonnent aujourd’hui les vastes plaines que le bison et l’Indien à peau rouge habitaient seuls autrefois.

Si tant et de si utiles travaux ont pu être faits en un temps si court c’est que plus qu’ailleurs les capitaux étaient productifs ; c’est qu’au lieu de rapporter 10 pour cent comme en Europe, ils en donnaient d’abord 20, 30, et ensuite jusqu’à 100 et 200.

Cet état de choses était transitoire il est vrai, et tenait à la position toute spéciale de ces Européens transportés dans un pays tout neuf avec les con-