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C’est au bon emploi du capital que l’on distingue les peuples civilisés de ceux qui ne le sont pas ; à ces derniers, il manque, presque toujours, jusqu’aux premiers éléments du travail. Ils savent bien du reste eux-mêmes quelle est leur infériorité à cet égard ; voyez les sauvages, par exemple, ce qu’ils estiment le plus, c’est le fer ; avec un clou, un marteau, on obtient d’eux tout ce que l’on désire ; c’est toujours avec des haches et des clous que tous nos grands navigateurs, Lapeyrouse, Cook, trafiquaient avec les peuples dans les pays desquels ils pénétraient.

Locke attribue l’enfance prolongée de l’Amérique, malgré son climat, son sol et ses fleuves, à l’absence du fer ; à cette cause j’en ajouterai une autre. Si, en effet, les Espagnols eussent bien dirigé leur activité, s’ils l’eussent employée à produire au lieu de l’appliquer à détruire si, en retour des galions chargés d’or qu’ils envoyaient à la métropole, ils eussent rapporté du fer qu’ils n’avaient pas chez eux, des charrues, des instruments de labourage, des machines propres aux travaux de l’industrie ; le pays qu’ils avaient conquis aurait atteint un haut degré de prospérité ; il est pauvre et désolé par la guerre civile, par ce qu’on y a fait un mauvais emploi des capitaux, et qu’on y a méprisé le travail.

J’ai dit en commençant cette leçon que les capitaux dérivaient des profits par l’épargne ; après vous avoir tracé le tableau de tout ce que les capitaux bien employés permettaient d’entreprendre, je dois rechercher s’il est toujours possible d’accroître les